Réflexions sur la transition

La période de transition a des impacts majeurs sur la production laitière, la reproduction, la réforme ainsi que sur la longévité des animaux. Comme 30% à 50% des vaches feront face à un enjeu de santé quelconque durant la période de transition, l’importance de cette phase n’est donc plus à démontrer.

Nous vous présentons ici quelques pistes de réflexion sur le logement et le confort des vaches en transition, qui espérons-le vous seront utiles si vous avez des projets de rénovation ou de construction.

En transition, la consommation de matière sèche est un enjeu majeur.  Durant cette période, les vaches ont des besoins qui augmentent, mais un appétit qui n’est pas optimal et très variable.  Il faut donc faciliter la vie des vaches et leur rendre la nourriture la plus accessible possible.  Pour ce faire, il faut tenter de minimiser la compétition à la mangeoire. 

Lors de l’introduction de nouveaux animaux dans un groupe, les animaux qui changent de groupe sont affectés négativement, c’est-à-dire que les vaches passent moins de temps à manger parce qu’elles se font pousser par les autres.  Cependant, les vaches qui sont déjà dans le groupe, seront également affectées pendant 2-3 jours.  En transition, il faut donc essayer de minimiser l’impact des changements de groupe, en diminuant leur nombre (parfois plus évident à dire qu’à faire!).  Concrètement, il est préférable de transférer 3 vaches en même temps qu’une vache par jour pendant 3 jours.  L’équilibre sera ainsi rétabli plus facilement.

Toujours dans le but de diminuer la compétition, l’utilisation des barrières de tête (headlocks) est recommandée pour les vaches en transition.  En prime, elles facilitent le traitement des vaches malades, plus nombreuses dans cette période.

Aucune concession ne devrait être faite en ce qui concerne l’espace à la mangeoire, particulièrement avant et après le vêlage.  On doit viser au moins 30 pouces par tête avec 85% d’occupation.  Il en va de même avec les stalles : elles devraient être occupées elles aussi à 85%.  On est donc loin de l’overstocking, à proscrire en transition.  Des études sont en cours pour déterminer l’espace optimal par vache sur un bed pack. À suivre!

Finalement, il faut minimiser les boiteries si on veut que les vaches passent le plus de temps possible à la mangeoire.  La litière profonde (sable ou autre) diminue significativement les problèmes de sabots et les problèmes de gros jarrets.  L’observation de près de 25 000 vaches au Canada et aux États-Unis a permis d’arriver à cette conclusion sans équivoque en faveur de la litière profonde, jusqu’à 95% de réduction des cas de gros jarret et au moins 2 fois moins de boiterie sévère.  Le pâturage au tarissement pourrait également réduire les boiteries jusqu’à 50%.

La transition a un impact majeur en production laitière.  Vaut donc mieux si attarder lorsqu’on met sur pied un projet de rénovation ou construction.

 

 

Références :

Dre Nina von Keyserlingk, Dairy Cattle Welfare : Calves, transition cows, and cow comfort, conférence présentée lors du congrès de l’AMVPQ, Rivière-du-Loup, 23 septembre 2017.

Von Keyserlingk et al. 2008. Journal of Dairy Science.  91:1011-1016

Schirmann et al. 2011. Journal of Dairy Science. 94:2312-2319

Proudfoot et al. 2009. Journal of Dairy Science. 92:3116-3123

Barrientos et al. 2013. Journal of Dairy Science. 96:3758-3765