Un petit « break » avant de partir?

Le début de la lactation chez la vache est une période critique de changements physiologiques et alimentaires. Malheureusement, l’apport énergétique provenant de l’alimentation ne peut pas augmenter au même rythme que la demande liée à la production laitière. Il en résulte que les vaches puisent dans leurs réserves. Cette mobilisation du gras entraîne une production de corps cétoniques (BHB) qui peut entraîner des effets indésirables comme une diminution de la consommation et une diminution de l’efficacité du système immunitaire.

            L’approche conventionnelle pour minimiser ces risques est d’augmenter la densité énergétique de la ration, ce qui n’est pas sans risque. En effet, en augmentant la densité énergétique, on augmente le risque d’acidose ruminale et de déplacement de caillette. Également, l’utilisation de Monensin (Kexxtone) est très répandue et permet de modifier la flore du rumen pour favoriser une production d’énergie plus utile pour la vache.

Dans cet équilibre précaire, une nouvelle approche est à l’étude présentement avec des résultats prometteurs : la traite partielle en début de lactation. Il s’agit de diminuer temporairement la quantité de lait récolté afin de diminuer la demande énergétique pour la vache.

Une première approche impliquant une traite par jour durant la première semaine de lactation a démontré une diminution de la concentration en BHB durant les 2 premières semaines et une meilleure fonction immunitaire. Cependant, un impact négatif sur la production laitière future a été noté (3,2kg en moyenne).

 Une seconde approche de traite incomplète a été proposée : conserver la même fréquence de traite mais diminuer la quantité maximale de lait récolté durant les 5 premiers jours de la lactation. Une étude dans 13 troupeaux québécois de taille et de régie différentes a été réalisée avec un protocole de traite d’un maximum de 10kg/jour au jour 1 à 3 puis d’un maximum de 12kg/jour et 14kg/jour au jour 4 et 5 respectivement. Les résultats de cette étude ont permis de conclure que la traite incomplète réduit de moitié l’hypercétonémie en début de lactation. Aucune différence tant au niveau de la quantité de lait produite, qu’au niveau de la composition du lait jusqu’à la 47e semaine n’a été notée. Les producteurs participant à cette étude se souciaient du confort des vaches soumises à la traite partielle. Le temps de couchage et la durée du repos ont été évalués sans qu’aucune différence ne soit notée. L’étude s’est également penchée sur l’incidence des maladies infectieuses comme la mammite et la métrite. Les vaches semblent éliminer les nouvelles infections mammaires plus facilement, mais peu d'impact a été noté sur les maladies du tractus reproducteur. Finalement, pour ce qui est des déplacements de caillette et de l’effet sur la fertilité des vaches, l’étude se poursuit.

En conclusion, les effets sur la santé future d’une traite incomplète en début de lactation semblent positifs.  Ce serait une avenue intéressante dans la gestion de l’hypercétonémie et des infections mammaires, bien que d’autres études soient nécessaires pour clarifier tous les effets possibles de cette méthode. Dans l’optique d’améliorer l’image des produits laitiers auprès du grand publique, il est intéressant de considérer que cette méthode respecte plus la physiologie naturelle de la vache. De plus, avec l'évolution de la technologie à la ferme, la gestion de protocoles de traite partielle devient de plus en plus simple et facilement envisageable.

 

Références

Grummer, R.R., Mashek, D.G., Hayirli, A., 2004.Dry matter intake and energy balance in the transition period. Vet Clin North Am Food Anim Pract 20, 447-470

Ster, C., Loiselle, M.C., Lacasse, P., 2012. Effect of postcalving serum nonesterified fatty acids concentration on fonctionality of bovine immune cells. J. Dairy Sci. 95, 708-717

Duffield,T.F., Leslie, K.E., Lissemore, K.D., Millman, S.T., 2009. Research and teaching of dairy cattle well being : finding synergy between ethology and epidemiology. J Appl Anim Welf Sci. 12, 132-142

Loiselle, M.C., Ster, C., Talbot, B.G., Zhao, X., Wagner, G.F., Boisclair, Y.R., Lacasse, P., 2009. Impact of postpartum milking frequency on the immune system and the blood metabolite concentration of dairy cows. J. Dairy Sci. 92, 1900-1912

Carbonneau, E., de Passille, A.M., Rushen, J., Talbot, B.G., Lacasse, P., 2012. The effect of incomplete milking or nursing on milk production, blood metabolites and immune fonctions of dairy cows. J. Dairy Sci. 95, 1-10

Krug, C., DeVrie, T.J., Roy, J.P., Dubuc, J., Dufour, S., 2017. Incomplete milking in early lactation does not affect dairy cows resting behaviors:results from a randomized controlled trial. Front. Vet. Sci. 4, 1-8

Krug, C., Morin, P.A., Lacasse, P., Santschi, D., Roy, J.P., Dubuc, J., Dufour, S., 2018. A randomized controlled trial on the effect of incomplete milking in early lactation on culling and subsequent milk production and composition. J. Dairy Sci. 101, 1-11

Morin, P.A., Krug, C., Chorfi, Y., Dubuc, J., Lacasse, P., Roy, J.P., Santschi, D., Dufour, S. 2018. Efficacy of an incomplete milking protocol during the early lactation in reducing ketonemia, hyperketonemia and body condition loss in commercial dairy cows : a randomized controlled trial. J. Dairy Sci. 101, 1-14

Une nouvelle loi visant à restreindre l’usage des antibiotiques de classe 1

Le 25 février prochain entrera en vigueur une nouvelle réglementation provinciale visant à restreindre l’utilisation des antibiotiques de classe 1 chez les animaux destinés ou dont les produits sont destinés à la consommation humaine.

Rappelons d’abord que les antibiotiques de classe 1 sont les antibiotiques de très haute importance pour la médecine humaine. Ce sont des antibiotiques dont les professionnels de la santé ont absolument besoin pour guérir les humains. Il est donc très important de mettre tout en œuvre pour prévenir la résistance à ceux-ci.

La résistance aux antibiotiques survient lorsqu’un antibiotique n’arrive plus à neutraliser certaines bactéries. On dit donc de ces bactéries qu’elles sont résistantes. Certaines de ces bactéries peuvent même devenir multi-résistantes, de sorte qu’elles deviennent très difficiles à combattre.

La nouvelle loi interdira l’usage des antibiotiques de classe 1 en prévention. Concrètement, chez les bovins laitiers, il faudra faire attention à notre choix d’antibiotique pour le traitement intra-mammaire au tarissement.

Pour le traitement des animaux malades, les antibiotiques de classe 1 ne pourront être utilisés que si l’on démontre que les autres antibiotiques ne fonctionnent pas ou si un test de laboratoire nous indique que c’est le seul traitement possible. Pour les bovins laitiers, les antibiotiques sans retrait de lait sont principalement visés, de même que plusieurs antibiotiques intra-mammaires.

Le Québec se positionne comme un leader dans la lutte à l’antibiorésistance. Il est de notre devoir individuel de faire de même. Ce faisant, nous serons en mesure de continuer d’offrir des produits de consommation qui se distinguent par leur qualité et nous contribuerons à la santé humaine.

Source : https://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Productions/santeanimale/maladies/antibio/Pages/utilisation_antibiotiques.aspx, consultation le 2 novembre 2018.

Leucose bovine : informations utiles

On entend beaucoup parler de leucose bovine par les temps qui courent.  Et pour cause!  Cette maladie peut avoir des impacts économiques majeurs pour les entreprises laitières.  En effet, la leucose bovine peut entraîner des pertes de production, des pertes liées à la maladie clinique, des pertes liées au contrôle et à l’éradication de la maladie et des pertes liées aux échanges commerciaux.

C’est pourquoi les Producteurs de lait du Québec ont fait de la leucose le premier volet de leur plan d’action en santé animale.  Les objectifs de ce programme sont de sensibiliser tous les producteurs de lait du Québec à la leucose, de stimuler la mise en place de mesures de biosécurité et de diminuer la prévalence de la maladie sur un horizon de 5 ans.

Lorsqu’ils sont infectés par le virus de la leucose bovine, les animaux peuvent être asymptomatiques (70% des cas) ou avoir un taux anormalement élevé de globules blancs dans le sang (30% des cas).  Dans cette dernière situation, les animaux sont plus à risque (60% des cas) de développer un lymphome (cancer) au cours de leur vie.

Bien qu’une vache infectée par la leucose bovine sur 100 puisse transmettre le virus de à son veau dans l’utérus, le principal mode de transmission du virus de la leucose est horizontal, soit d’un individu à l’autre. 0,0001 ml de sang est suffisant pour contaminer un autre animal.  Une telle quantité de sang peut être présente sur des aiguilles ou seringues souillées, sur les gants réutilisés suite à des palpations transrectales, sur les instruments d’écornage ou les couteaux de pieds.  Également, les insectes piqueurs peuvent transférer le virus d’une vache à une autre.  Finalement, le colostrum et le lait non pasteurisés d’une mère infectée peuvent contenir du sang entraînant la contamination du veau, dans 6 à 16 % des cas.  Cependant, il faut TOUJOURS privilégier de donner le colostrum de sa mère à un veau, à cause des innombrables bénéfices liés à un bon transfert d’immunité passive.

Tous les troupeaux laitiers du Québec ont maintenant accès au résultat d’un test de leucose effectué sur leur réservoir de lait par Valacta à la demande des Producteurs de lait du Québec. Grâce à ce résultat, vous serez en mesure de connaître l’estimation de la prévalence de la leucose dans votre troupeau. Quatre niveaux d’infection ont été définis en fonction du pourcentage d’animaux contaminés dans le troupeau : 0-10%, 5-25%, 10-40% et 30-100%.  Dépendamment de votre niveau d’infection, il est possible d’établir un plan d’action relativement à l’un des deux objectifs suivants : éradication ou contrôle de la maladie. Ce plan peut inclure des tests individuels et/ou des tests de réservoir ponctuels mais surtout des mesures de biosécurité afin de diminuer la prévalence de la leucose dans votre troupeau.

Nous sommes disponibles pour vous aider dans l’interprétation de votre résultat et la mise en place d’un plan d’action.  N’hésitez pas à nous en parler!

 

Source : Webinaire d’information sur la leucose bovine, site web de l’AMVPQ, consultation le 27 mai 2018.

 

Biosécurité : Bien plus qu’un terme à la mode!

Rares sont ceux qui n’ont pas entendu parler de biosécurité dans les derniers mois.  En effet, il semble que ce terme soit à la mode présentement dans le milieu agricole.  Plusieurs articles, conférenciers et médecins vétérinaires en parlent, mais êtes-vous vraiment en mesure de dire ce que c’est exactement?  Les quelques lignes qui suivent devraient remédier à la situation.

Commençons par une définition simple :  La biosécurité se définie comme toute mesure entreprise dans le but de prévenir l’introduction des maladies infectieuses ou d’en limiter la propagation au sein même du troupeau ou vers d’autres troupeaux.  Donc, que fait-on pour empêcher l’introduction d’une maladie dans notre troupeau? Si une maladie entre quand même dans le troupeau, comment fait-on pour empêcher que tous les animaux ou les humains l’attrapent?  Comment fait-on pour ne pas transmettre cette maladie aux troupeaux voisins?

Qu’est-ce qui fait qu’on entend plus parler de biosécurité ces temps-ci?  Il y a plusieurs facteurs impliqués.  Voici les principaux :

Tout d’abord, l’intensification de la production, notamment de la production laitière.  Le nombre d’animaux dans chaque troupeau augmente, les achats d’animaux aussi.  Il y a de plus en plus d‘intervenants impliqués dans la gestion de la production.  Le nombre d’employés sur les fermes augmentent.  Il y a donc beaucoup plus de risques dans un tel contexte pour la propagation des maladies, ce qui justifie la mise en place de procédures liées à la biosécurité.

De plus, les frontières ne sont plus les mêmes qu’il y a quelques années.  Nous vivons dans un contexte de mondialisation où les gens et les animaux voyagent facilement d’un pays à l’autre, leurs maladies également.  La crise de la vache folle à la fin des années 1990 au début des années 2000 constitue un bel exemple de maladie ayant des répercussions sur la planète entière.

Dans les dernières années, plusieurs maladies, qu’on appelle émergentes, sont apparues dans les élevages.  Le secteur porcin a été durement touché par ce type de maladie, mais les autres productions ne sont pas à l’abri.  La dernière maladie émergente en lice dans les élevages laitiers du Québec est Salmonella dublin.  Sa multirésistance aux antibiotiques et la possibilité de transmission aux humains justifient la mise en place de plan de biosécurité.

La société évolue et nos valeurs aussi.  Nous sommes de plus en plus préoccupés par le bien-être animal et l’usage judicieux des antibiotiques.  Prendre des mesures pour que moins d’animaux ne tombent malades, avec la vaccination par exemple, est tout à fait dans l’air du temps.

Finalement, s’intéresser à la biosécurité deviendra nécessaire pour répondre aux exigences de l’industrie.  En effet, un volet biosécurité dans proAction sera mis en place en septembre 2019.  Ce sera l’occasion pour tous les producteurs laitiers de mettre en place un plan de biosécurité.

Nous aurons l’occasion de reparler biosécurité avec vous avec la mise en place de la Campagne de sensibilisation au sujet de la biosécurité visant Salmonelle dublin par le MAPAQ.  Restez à l’affût!  

 

Source : Paradis, Marie-Ève. Parlons biosécurité. Disponible au www.amvpq.org

Réflexions sur la transition

La période de transition a des impacts majeurs sur la production laitière, la reproduction, la réforme ainsi que sur la longévité des animaux. Comme 30% à 50% des vaches feront face à un enjeu de santé quelconque durant la période de transition, l’importance de cette phase n’est donc plus à démontrer.

Nous vous présentons ici quelques pistes de réflexion sur le logement et le confort des vaches en transition, qui espérons-le vous seront utiles si vous avez des projets de rénovation ou de construction.

En transition, la consommation de matière sèche est un enjeu majeur.  Durant cette période, les vaches ont des besoins qui augmentent, mais un appétit qui n’est pas optimal et très variable.  Il faut donc faciliter la vie des vaches et leur rendre la nourriture la plus accessible possible.  Pour ce faire, il faut tenter de minimiser la compétition à la mangeoire. 

Lors de l’introduction de nouveaux animaux dans un groupe, les animaux qui changent de groupe sont affectés négativement, c’est-à-dire que les vaches passent moins de temps à manger parce qu’elles se font pousser par les autres.  Cependant, les vaches qui sont déjà dans le groupe, seront également affectées pendant 2-3 jours.  En transition, il faut donc essayer de minimiser l’impact des changements de groupe, en diminuant leur nombre (parfois plus évident à dire qu’à faire!).  Concrètement, il est préférable de transférer 3 vaches en même temps qu’une vache par jour pendant 3 jours.  L’équilibre sera ainsi rétabli plus facilement.

Toujours dans le but de diminuer la compétition, l’utilisation des barrières de tête (headlocks) est recommandée pour les vaches en transition.  En prime, elles facilitent le traitement des vaches malades, plus nombreuses dans cette période.

Aucune concession ne devrait être faite en ce qui concerne l’espace à la mangeoire, particulièrement avant et après le vêlage.  On doit viser au moins 30 pouces par tête avec 85% d’occupation.  Il en va de même avec les stalles : elles devraient être occupées elles aussi à 85%.  On est donc loin de l’overstocking, à proscrire en transition.  Des études sont en cours pour déterminer l’espace optimal par vache sur un bed pack. À suivre!

Finalement, il faut minimiser les boiteries si on veut que les vaches passent le plus de temps possible à la mangeoire.  La litière profonde (sable ou autre) diminue significativement les problèmes de sabots et les problèmes de gros jarrets.  L’observation de près de 25 000 vaches au Canada et aux États-Unis a permis d’arriver à cette conclusion sans équivoque en faveur de la litière profonde, jusqu’à 95% de réduction des cas de gros jarret et au moins 2 fois moins de boiterie sévère.  Le pâturage au tarissement pourrait également réduire les boiteries jusqu’à 50%.

La transition a un impact majeur en production laitière.  Vaut donc mieux si attarder lorsqu’on met sur pied un projet de rénovation ou construction.

 

 

Références :

Dre Nina von Keyserlingk, Dairy Cattle Welfare : Calves, transition cows, and cow comfort, conférence présentée lors du congrès de l’AMVPQ, Rivière-du-Loup, 23 septembre 2017.

Von Keyserlingk et al. 2008. Journal of Dairy Science.  91:1011-1016

Schirmann et al. 2011. Journal of Dairy Science. 94:2312-2319

Proudfoot et al. 2009. Journal of Dairy Science. 92:3116-3123

Barrientos et al. 2013. Journal of Dairy Science. 96:3758-3765

Message important: Usage judicieux des antibiotiques

Lorsque vous utilisez un antibiotique, n’oubliez pas de considérer les facteurs suivants :

DURÉE : Si vous prolongez la durée d’un traitement par rapport à ce qui est indiqué sur l’étiquette d’un antibiotique, il se peut que le retrait soit prolongé. Soyez prudents!

DOSE : Respectez le dosage recommandé. Pour ce faire, il importe de bien connaître le poids de l’animal à traiter. En effet, les dosages d’antibiotiques dépendent du poids. Par exemple, pour Depocillin, le dosage recommandé est 7 ml/100kg.

FRÉQUENCE : La plupart des antibiotiques sont homologués pour une administration une fois par jour. L’administration de la même dose, divisée en deux, soit matin et soir, peut entraîner une prolongation du temps de retrait. Par exemple, pour Depocillin, on doit privilégier l’administration de la dose complète (ex : 50ml) le matin seulement et non 25ml matin et soir.

VOIE D’ADMINISTRATION : Respectez toujours la voie d’administration indiquée sur l’étiquette (intramusculaire, sous-cutanée, intraveineuse). Pour l’injection intramusculaire chez l’animal adulte, utilisez toujours une aiguille 1 ½ pouce.

VOLUME MAXIMAL PAR SITE : Il y a dans les boîtes d’antibiotiques, un feuillet qui contient des informations concernant le volume maximal d’antibiotique à injecter par site. Il est important de respecter ce volume pour se fier aux retraits indiqués sur l’étiquette. Au moins 4 pouces doivent séparer chaque site d’injection. Par exemple, pour Depocillin, le volume maximal est de 15 ml, ce qui signifie que, pour une dose de 50 ml, on doit utiliser 4 sites d’injection.

Vous pouvez tester votre lait pour les résidus d’antibiotiques en cas de doute. N’hésitez pas à nous faire part de vos interrogations, nous sommes disponibles pour répondre à vos questions.

 

L’équipe de la clinique vétérinaire St-Alexis

À deux, c'est mieux

Au cours des dernières années, plusieurs recherches ont été menées sur l’élevage des génisses laitières de remplacement. Un constat clair en émane : il y a de nombreux avantages à élever les veaux en paire, ou en petits groupes, plutôt qu’individuellement. Voici donc un résumé des principaux bénéfices liés à cette pratique.

Avant le sevrage, les veaux élevés en paire consomment significativement plus de moulée, soit près de 50% de plus, que les veaux élevés seuls. Comme la quantité de moulée consommée est importante pour déterminer le moment propice au sevrage (voir Quand doit-on sevrer les veaux? sur notre blogue), il s’agit d’un avantage indéniable.

Aussi, le stress lié au sevrage est moins important chez les paires. Pour arriver à une telle conclusion, les chercheurs ont calculé le nombre de fois où les génisses beuglent durant les jours suivants le sevrage. Les génisses élevées en paire vocalisent près de 3 fois moins souvent.

Après le sevrage, les veaux placés en groupe suite au sevrage consomment de la moulée beaucoup plus rapidement, au moins 5 fois plus, s’ils ont été élevés en paire. De plus, ils consomment plus de moulée que les veaux élevés individuellement et leur gain de poids est conséquemment significativement plus élevé dans les 14 jours suivants le sevrage.

Également, la néophobie, soit la peur de ce qui est nouveau est beaucoup plus importante chez les génisses élevées individuellement. En effet, lorsqu’on présente un nouvel aliment à un veau élevé seul, il en consomme beaucoup moins que les veaux élevés en paire.

Finalement, les capacités d’apprentissage des veaux élevés en paire sont supérieures. Ils comprennent beaucoup plus rapidement comment s’alimenter et s’adaptent plus facilement à un changement dans leur environnement.

Pour maximiser ces avantages, il faut que les génisses soient regroupées dès leurs premiers jours de vie. Lors du regroupement en jeune âge, il faut faire attention à l’âge des partenaires. Idéalement, elles doivent être du même âge, pour éviter la compétition. Si ce n’est pas possible, il faut s’assurer que le jeune veau soit capable de boire au biberon facilement avant de le jumeler à un veau significativement plus vieux.

Quand on y pense bien, la majorité des étables pourrait emboîter le pas à l’élevage en paire, moyennant des travaux peu coûteux. Il est aussi important de savoir que le fait de voir d’autres veaux, tel qu’exigé par proAction, n’est pas suffisant et ne procure pas les avantages de l’élevage en paire.

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Références :

Dre Nina von Keyserlingk, Dairy Cattle Welfare : Calves, transition cows, and cow comfort, conférence présentée lors du congrès de l’AMVPQ, Rivière-du-Loup, 23 septembre 2017.

De Paula Vieira et al. 2010. Journal of Dairy Science. 93 :3079-3085

Costa et al. 2014. Journal of Dairy Science. 97 :7804-7810

Meagher et al. 2015. PloS ONE. 10 :e0132828

Chèvres et moutons : Comment gérer les parasites?

Le parasitisme occupe une place d’importance dans les élevages des animaux de la ferme plus particulièrement les élevages de petits ruminants (chèvres/moutons), d’autant plus si un pâturage est utilisé. Les parasites affectent non seulement la santé générale du troupeau, mais également la croissance et la production.

Les nouvelles recommandations en matière de gestion des parasites gastro-intestinaux visent plutôt un contrôle qu’une éradication. On sait aujourd'hui que le traitement systématique du troupeau à des périodes prédéterminées devrait être évité, car cela entraîne une hausse de la résistance des parasites aux vermifuges. Il faut donc agir afin d'éviter la croissance des populations de parasites résistants aux antiparasitaires. Pour ce faire, il faut conserver 15-20% des animaux d’un groupe sans traitement vermifuge. Ces individus doivent être des animaux adultes en bonne condition.

Avant la mise au pâturage, un protocole de traitement sélectif devrait être mis en place en sélectionnant les animaux à traiter. Ceux-ci inclus les chèvres/moutons démontrant des signes cliniques tels que des fèces molles, un mauvais état de chair, de l’œdème sous la mandibule et ceux démontrant de l’anémie (manque de globules rouges dans le sang). L'anémie peut être mise en évidence à l’aide d’une charte nommée FAMACHA, disponible auprès de votre vétérinaire. Les individus ayant des portées multiples (plus de 2 agneaux/chevreaux) ou ayant un historique de problèmes liés au parasitisme devraient également être traités. De plus, il est possible d’évaluer le niveau d’infestation des animaux par coprologie. Cela permet de cibler des groupes ou même de déterminer si un traitement est requis.

Durant la saison de pâturage, il se peut que des vermifugations ciblées soient nécessaires. Une surveillance périodique des signes cliniques de parasitisme et/ou des analyses coprologiques sont donc importantes. Il faut également tenir compte du climat et accroître notre surveillance en période de chaleur et d’humidité, car ce sont des facteurs de risques pour la prolifération des parasites.

À l'automne, un examen clinique des animaux est recommandé afin de déterminer si des vermifugations additionnelles sont requises. Si une inefficacité du traitement vermifuge est suspectée, il faudra mettre en place un plan d'action efficace. Consultez votre vétérinaire!

Références

Le Praticien, AMVPQ, édition août 2017, p.18-21

À vos marques… Prêts… Grattez!

Pour la plupart des gens, surtout les parents d’enfants d’âge scolaire, le simple fait d’entendre le mot « poux » provoque des démangeaisons au niveau de la tête. Il est d’ailleurs probable que vous soyez déjà en train de vous gratter après avoir lu cette phrase. Il est donc facile d’imaginer la réaction provoquée par l'observation de poux dans le pelage ou les plumes de son animal!

Commençons tout de suite par une bonne nouvelle : les poux ont une spécificité d’hôte. Les poux des animaux ne s’attaquent donc pas aux humains, et vice-versa.

Même s’il n’y a pas de risque pour l’humain, il est important d’adresser sans tarder les problèmes de poux. En effet, de fortes infestations peuvent provoquer de l’anémie et de la faiblesse chez les animaux. Dans certains cas, mais pas tous, les animaux vont se gratter ou se lécher excessivement, particulièrement près de la tête ou de la queue, mais on peut les retrouver partout sur le corps des animaux. Pour les voir, il faut écarter les poils ou les plumes et regarder attentivement pendant plusieurs secondes. Certaines espèces de poux sont plus difficiles à voir que d'autres. En cas de doute vaut mieux consulter son vétérinaire.

Les animaux jeunes et ceux qui souffrent de malnutrition sont plus susceptibles à ce parasite. Le confinement à l’intérieur et le contact direct entre les animaux augmentent le risque de transmission des poux entre ceux-ci.

Il existe des traitements sous prescription très efficaces pour traiter les poux des animaux. Comme ces derniers ont un cycle de vie d’environ 1 mois en moyenne, le traitement doit souvent être répété après 4 semaines pour s’assurer de contrôler complètement l’infestation.

Finalement, on peut donc dire que les poux des animaux causent plus de peur que de mal aux humains. Il ne faut cependant pas prendre ce problème à la légère pour le bien-être de nos animaux.

 

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Source : Les parasites des bovins : fiches parasitaires. Par Alain Villeneuve, D.M.V., Ph.D. Laboratoire de parasitologie, Faculté de médecine vétérinaire Saint-Hyacinthe. Septembre 2013.

Le sevrage des veaux, par où commencer?

Règle générale, un veau devrait être sevré lorsqu’il consomme au moins un kilogramme de moulée en plus de son lait.  Dans le cas de veaux élevés individuellement, cette consommation peut être plus facilement évaluée.  On peut alors adapter l’âge du sevrage selon le profil de consommation de moulée de chaque veau.  Par contre, ce type d’installation fait souvent face à un problème d’espace : « Je dois sevrer ce veau parce que j’ai besoin d’une place pour le p’tit nouveau ».

D’un autre côté, on reconnaît de plus en plus les avantages de l’élevage en paire ou en groupes.  Il devient alors plus difficile d’estimer la consommation de moulée d’un veau en particulier.  Dans ce cas, il est préférable de sevrer les veaux plus tard que trop tôt, c’est-à-dire commencer le sevrage à huit semaines.  Il est également recommandé de faire un sevrage progressif, soit sur une période de 10 jours environ.

Comment savoir si les veaux sont sevrés au bon moment? 

Même durant le sevrage, un veau devrait continuer d’avoir un gain de poids d’approximativement un kilogramme par jour. Jamais un veau ne devrait maigrir à cette période! Peser les veaux avant et après le sevrage est une excellente méthode pour valider le processus utilisé.

Un autre bon indicateur de la qualité du sevrage est d’évaluer le taux de maladies (ex : pneumonies) pendant la période comprenant le début du sevrage jusqu’à deux semaines après.

Une étude prometteuse suggère que la consommation de moulée des veaux peut être évaluée avec le Precision Xtra qui mesure les BHB[1] (notre appareil qui sert habituellement à mesure l’acétonémie).  Un résultat de BHB ≥ 0,2 mmol/L indiquerait une consommation de 1 kg de moulée, soit que le veau est prêt à être sevré.  À suivre!

 

 

Référence : Jocelyn Dubuc, Danielle Fournier-Lévesque. Gestion des problèmes alimentaires des animaux de remplacement.  Notes de cours Printemps 2017.

[1] S.M. Deelen, K.E. Leslie et al. Validation of a calf-side J3-hydroxybutyrate test and its utility for estimation of starter intake in dairy calves around weaning. Journal of Dairy Science 2016 99: 7624-7633.